Pêche en grandes profondeurs avec Fabien Harbers #298
La pêche en grandes profondeurs aux appâts naturels se pratique généralement dans des fonds compris entre 200 et 600 mètres – voire jusqu’à prés de 1000 m de fonds.
Dernière mise à jour le 12 janvier 2019
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Pêche en grandes profondeurs avec Fabien Harbers
Se pratique généralement dans des fonds compris entre 200 et 600 mètres, cette technique permet de pêcher une grande diversité d’espèces telles que les pagres, les daurades roses, les « beaux yeux », les sébastes, etc. Il est même possible de toucher des poissons de très grandes tailles tels des requins de grands fonds (grisets), des raies, des mérous cerniers, des espadons, des congres géants, des sabres de grandes tailles, etc.
Mais pêcher dans de telles profondeurs ne s’improvise pas et il sera nécessaire d’avoir un matériel spécifique pour pratiquer cette technique. Ainsi, on utilise soit une canne dotée d’un moulinet électrique pour une pêche sportive canne en main, soit un treuil pour les pêches les plus lourdes.
Ces derniers sont nécessaires pour pêcher aussi profondément car les plombées utilisées pour rejoindre ces abysses sont très lourds (1 à 3 kg en moyenne). Il serait donc impossible de les remonter sur d’aussi grandes distances toute la journée avec un moulinet classique. De même, se rajoute également le poids des poissons qui combattent – et ces prises sont souvent nombreuses sur les montages à empiles multiples utilisés pour ce type de pêche ! Il est également possible de toucher de beaux spécimens très puissants pesant jusqu’à plus de 100 kg (ex : requin griset, etc.) qu’il serait éreintant – voire impossible — de remonter de telles profondeurs !
Sabre
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Pagre
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En action de pêche
Une des phases les plus importantes pour ces pêches ultra profondes est la connaissance du terrain. Il est ainsi conseillé de repérer les zones propices grâce à des cartes marines ayant des indications du relief. De façon générale, il sera conseillé de privilégier les secteurs présentant des variations du relief. Il pourra s’agir de déclivité soudaine comme des tombants rocheux, des crevasses ou encore des canyons. A l’inverse, des reliefs sur une zone uniforme tels que des « pierres » ou même encore des montagnes sous-marines peuvent être d’excellentes zones à prospecter. Nous vous conseillons également les hauts fonds situés entre 200 et 400 m qui se détache d’un environnement beaucoup plus profond. La nature même du fond peut également avoir une incidence directe sur les espèces pêchées. Ainsi, les merlus se trouvent généralement sur des fonds sablo vaseux. A l’inverse, les chapons se trouveront uniquement sur des substrats rocheux. Nous vous recommandons néanmoins de favoriser les fonds constitués de roches ou de graviers qui sont plus riches en vie.
Conseils de Fabien Harbers :
Pour vos pêches profondes, si vous avez beaucoup de zones avec des fonds sablo vaseux sur votre secteur, je vous recommande de privilégier les fortes déclivités et les tombants marqués. En effet, ces zones sont généralement rocheuses car le sable ne peut créer des pentes aussi marquées. De même, avec l’influence des puissants courants sous-marins qui les balaient constamment, le sable ne s’y accroche pas. Les roches y sont donc à nue, accueillant ainsi plantes et coraux. Ces secteurs offrent un double avantage : vous avez l’assurance de pêcher une zone rocheuse et la zone étant isolée par rapport à des fonds sablo-vaseux, il est fréquent qu’elles constituent de véritables oasis de vie concentrant de fortes populations de poissons.
Outre la lecture des cartes topographiques sous-marines, l’utilisation d’un sondeur / GPS de qualité est aujourd’hui incontournable. Pour pouvoir détecter les reliefs dans ces profondeurs très importantes, il sera nécessaire de posséder une sonde de 1000 watts minimum. Pour information, il existe sur le marché des sondes allant jusqu’à 3000 watts qui restent accessible aux grand public.
La pêche profonde s’effectue généralement au mouillage. Il faut néanmoins savoir qu’il est nécessaire de posséder une grande longueur de bout pour mouiller dans d’aussi grandes profondeurs. Ainsi, pour ancrer un bateau par 200 m de fonds, il faudra environ 500 m de cordage pour une bonne tenue. Dans des profondeurs très importantes dépassant les 400 / 500 m, le seul volume du cordage nécessaire pour mouiller est si considérable qu’il serait impossible d’ancrer le bateau. Il sera alors possible de pêcher en dérive libre mais de très bonnes conditions météo seront nécessaires. En effet, une dérive trop rapide causée par les vents ou les courants vous empêcherait de pêcher convenablement. D’autant plus que les poissons mordent moins franchement un appât se déplaçant trop rapidement. L’utilisation d’une ancre flottante sera ainsi vivement recommandée pour freiner la vitesse de dérive au maximum. Il sera également nécessaire d’adapter le poids de son plomb pour rester autant que possible à la verticale du bateau.
Conseils de Fabien Harbers :
Pratiquant dans les fonds parfois très importants des Alpes Maritimes, je pêche généralement en dérive libre. Je privilégie alors des météos très calmes. Le bateau dérivant, j’essaie de le placer pour qu’il se dirige vers des zones plus profondes afin d’éviter d’accrocher trop souvent. Je redonne alors du fil à mesure que les fonds deviennent plus importants – l’essentiel étant que le montage soit à proximité ou en contact avec le fond. A l’inverse, dans le cas où la dérive vous entraine vers des fonds moins importants, il sera nécessaire d’être très attentif et réactif en relevant la ligne à mesure de la progression. Il faudra alors faire très attention de ne pas trop laisser trainer le montage sur le fond tout en le conservant à proximité du substrat, ce qui peut être délicat.
Les touches sont généralement très rapides une fois arrivée au fond quand le poisson est présent sur zone. Si les touches peuvent être parfois brutales et bander la canne d’un coup, il est fréquent qu’elles soient beaucoup plus subtiles. En effet, avec la grande longueur de ligne sortie, ces touches peuvent se traduire par de très légers mouvements du scion ou encore par l’impression que la canne ne suit pas le mouvement de la houle et qu’il n’y a plus de plomb. Il ne faudra alors pas hésiter à relever de quelques mètres le montage afin de vous assurer si vous avez un poisson. Lors d’une prise, ne cherchez pas à multiplier les captures en attendant à proximité du fond car les risques d’accrochages avec le poisson se débattant sont importants. N’hésitez pas à avoir un frein assez serré pour brider le poisson et le sortir d’autorité des zones rocheuses qui présentent un risque élevé d’accrochages. Durant la longue remontée en pleine eau, il sera possible d’avoir un frein plus léger afin d’éviter les décrochages intempestifs.
Sondeur Lowrance HDS-9 GEN3
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Les appâts
Les appâts les plus fréquemment utilisés en pêche profonde sont la sardine, l’anchois, le maquereau, la gambas ou le calamar. Dans le cas des poissons appâts, on privilégie les espèces grasses car leur effluves attractifs se répandent sur de plus grandes distances – ce qui les rend très efficaces. Ils restent néanmoins fragiles (ex : sardine) et il sera recommandé d’utiliser du fil élastique à ligaturer fin pour une meilleure tenue. En effet, avec la longue descente et la présence de nombreux petits poissons indésirables, la tenue de votre appât est primordiale pour éviter de « pêcher à blanc ». Il sera possible de pêcher sur place des maquereaux à l’aide de sabikis. Leurs morceaux tiennent un peu mieux que les gueulins de sardine.
Il sera également possible de pêcher en tataki des calamars blancs avant d’aller pêcher. De son coté, Fabien Harbers fait de la pêche profonde de calamars rouges qui lui servent d’appâts pour les pêche de poissons en grandes profondeurs. Calamars blancs ou rouges coupés en morceaux constituent d’excellents appâts. Les tentacules peuvent être enfilés sur l’hameçon comme des vous le feriez avec des vers. Les morceaux provenant du manteau seront coupé aux ciseaux ou au couteau en forme de feuille afin qu’ils ondulent dans le courant – les rendant ainsi bien plus attractifs. Encore ici, quelques tours d’élastique à ligaturer à la base de l’hameçon permettront un bien meilleur maintien.
La gambas est un appât hyper efficace sur les sparidés tels que les pagres ou les daurade roses mais il reste fragile. En présence de nombreux petits poissons indésirables, des appâts plus résistants lui seront préférés. Etant donné sa fragilité, elle ne pourra être utilisée que bien ligaturée à l’élastique pour résister suffisamment longtemps en attente d’un beau poisson.
Elastique Ligature Appâts Flashmer
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La pêche profonde : une technique productive mais responsable
Une fois les bonnes zones trouvées, la pêche profonde peut vous permettre de multiplier les prises très facilement. Ainsi, il n’est pas rare de pouvoir pêcher jusqu’à plusieurs dizaines de kilos de poissons en quelques heures !
Les prises remontées de telles profondeurs ne pouvant être libérées suite au barotraumatisme qu’elles ont subi, le pêcheur responsable aura à cœur de modérer ses captures par respect pour la ressource.
Cette technique est d’une redoutable efficacité et il sera donc conseillé de limiter son prélèvement à une consommation uniquement familiale. Il en va de la pérennité de notre loisir favori pour les générations à venir.
Chapon
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